Prologue
Le sable. Une étendue immense de sable à perte de vue. Des dunes succédant aux dunes et la vison de lointaines tempêtes de sables, c’était le lot quotidien de celui qui errait dans le désert. La chaleur étouffante du midi était à son comble. Mais était-il réellement midi ? Il avait perdu la notion du temps à force de marcher à la manière des vieux fremens, d’un pas discontinu pour éviter d’appeler un grand ver qui serait sa perte. Ou le commencement d’une nouvelle vie ? Avant de partir, il avait emporté un marteleur, pour en finir si ses souffrances étaient insoutenables. Ainsi, Shaï-Hulud viendrait et l’emporterait dans son rêve sans fin.
Marcher. Encore. Plus loin. Fuir la tyrannie de son père et les miasmes de la civilisation. Fuir la guilde et ses transports, fuir Ix et ses machines ne respectant pas le Jihad Butlérien. « Tu ne feras pas de machines à la pensée de l’Homme égale. » La leçon des Butlériens était claire, malgré ses avantages, les machines étaient limitées. C’est pourquoi on faisait appel désormais aux manats des hommes capables de résoudre des trames logiques et de réagir en conséquence. Que leur eau se perde dans le désert ! Qu’ils soient tous maudits ! Maudits Ixiens, maudits Tleilaxus, avec leurs maudites cuves axlotl ! Les Tleilaxus qui n’en finissaient pas de livrer leurs gholas du célèbre Duncan Idaho. Pourquoi ? Maudits gholas ! Et ces prêtres qui bloquaient les hommes dans leurs peur de Shaï-Hulud !Qu’ils aillent au diable ! Maudits prêtres, maudit Bene Gesserit avec leurs maudites révérendes Mères et leur maudit programme génétique ! Elles qui torturent le cœur des hommes en fuyant l’amour. Maudites imprégnatrices ! Elles disaient appartenir à l’Humanité, mais est-on un Homme si l’on est incapable d’aimer ? Maudit Bene Gesserit ! Qu’ils soient tous maudits ! Fuir tout ceux qui voulaient contrôler l’univers à cause de leur maudite épice produite par millions de tonnes par les Tleilaxus. Encore eux ! Même au milieu du désert, tous continuaient à l’importuner. Trouverait-il jamais la paix ?
Il marchait encore dans le désert, puis, arrivé en haut d’une dune, but une gorgée d’eau du tube de son distille. Il observa l’horizon. Il avait pris sa décision. D’un coup sec et précis, il planta le marteleur au sommet de la dune puis s’éloigna un peu. Un grondement se fit entendre au loin. Il se rapprochait de plus en plus vite. Une odeur de cannelle envahit ses narines et l’air bientôt saturé d’oxygène. Un ver énorme approchait. Quand il fut assez près, sa gueule énorme engloutit le marteleur. Mais, sur sa route, se trouvait un homme en distille dont la cape en lambeaux arborait fièrement encore, un faucon. Au lieu de le dévorer, ils se firent face.
« Je suis venu vers toi pour que tu juges si je mérite de vivre plus longtemps ou si il n’y a plus de place pour moi ici. Je veux que tu juges ta descendance, Léto ! Je veux savoir si tu juges dignes de vivre Léto Atréides quatrième du nom ! »
Dans son esprit, Léto entendit une voix venue des profondeurs du temps. Elle disait : « J’ai choisit. » Alors, Léto ferma les yeux, tandis que la masse impressionnante du ver s’abattait sur le sol…
Chapitre 1
Le Tyran n’est plus. Voilà déjà mille ans que Léto II, l’Empereur-Dieu de Dune est passé de vie à trépas même s’il vit encore dans les actuels vers des sables dans une perles de conscience qu’aucun d’entre eux ne soupçonne.
Arrakis est redevenue une planète désert, comme prévu par le Tyran. Le clergé vénérant le Dieu fractionné (cf. « Les hérétiques de Dune ») protège à l’excès les hommes des vers, leur interdisant par exemple de le chevaucher comme les anciens fremens, jugeant cette pratique impolie envers Dieu. Les descendants des neufs filles de Siona Atréides et de Duncan Idaho se promènent dans la galaxie, alors que la faction des truitesses, les légendaires soldats de l’Empereur-Dieu se sont alliées aux Ixiens pour survivre. Mais, sur Arrakis, un homme descendant de Siona, a reprit le nom du Tyran pour que renaisse sa maison et son duché. Aujourd’hui, Sur Arrakis, règne le duc Léto III Atréides. A l’origine, son règne était prospère. Le mélange se vendait à haut prix et il représentait la seule source d’approvisionnement du Bene Gesserit et de la Guilde qui en avaient besoin, le premier pour ses Révérendes Mères, le second pour ses navigateurs. Léto III était un bon duc, puisque sur Arrakis, la fin de la Grande Famine fit place à une période de prospérité. Après d’âpres études sur le duc, Le Bene Gesserit décida d’envoyer l’une de ses Révérendes Mères, Dame Joana, devenir la concubine de Léto. De cette union naquirent deux enfants : Une fille, puis un fils. Dès son plus jeune âge, la fille fut confiée aux sœurs pour la former tandis que le fils servirait d’héritier à Léto III, raison pour laquelle il fut nommé à son tour Léto. Bien entendu, Dame Joana avait pour mission secrète d’éliminer le Duc si jamais il voulait reprendre le flambeau de Léto II pour son Sentier d’Or.
Le jeune Léto avait 10 ans quand tout bascula dans la vie de son père. Les Tleilaxus avaient réussi à synthétiser le mélange dans leur cuves axlotl, devenant ainsi producteurs principaux et le revendant à un prix si bas que pour rester compétitif, Léto III dut lui aussi baisser ses prix. Pour garder le train de vie auquel il était habitué, il commença à tyranniser son entourage, puis la cité d’Arrakeen, puis la planète entière. Alors, il envoya des hommes dans le désert en secret pour extraire les minéraux qu’ils purent trouver et notamment du fer. En secret, il se fit bâtir une flotte de non-vaisseaux puissamment armés. Aujourd’hui, il devait recevoir l’un de ceux que le Bene Gesserit ne réussit pas à atteindre : l’Empereur Apophis qui driographie la planète voisine d’Avaris. Celui-ci arriva dans un non-vaisseau de la guilde. Il entra dans le palais d’Arrakeen escorté par une multitude de gardes en armure lourde comme on en fabriquait plus depuis dix mille ans. Ils discutèrent longtemps. Quand ils ressortirent, ils avaient conclu un pacte qui faisait d’eux une grande puissance militaire. Apophis devait fournir des armes et des pièces de vaisseaux alors que LétoIII devait lui fournir du Mélange à un tarif compétitif et des matières premières. Dame Joana eut beau faire son rapport au Chapitre, il était trop tard pour sauver les Atréides. Ensemble, les despotes tentèrent de recréer l’Imperium du temps de Muad’dib et du Tyran.
Les ennuis commencèrent alors pour la famille Atréides.
Tout d’abord, durant la signature du traité, des Danseurs-Visages Tleilaxus prirent la place de certains gardes d’Apophis. Ceux-ci le tuèrent une fois de retour sur Avaris.
Léto III, trop confiant, fut assassiné par Dame Joana grâce une aiguille enduite de Gom Jabbar dans le lit conjugal.
Dame Joana fut ensuite sacrifiée à Shaï-Hulud par les prêtres d’Arrakis qui criaient à l’Hérésie.
Léto IV fut intronisé Duc dans la dixième année standart de sa vie, sans aucune période de Deuil. Le Clergé, compatissant de son jeune âge, s’autodéclara régent et pris peu à peu le pouvoir sur Arrakis et le contrôle de la flotte de non-vaisseaux de Léto III.
Alors que Léto IV atteignait sa dix-huitième année de vie et était en état de reprendre les rênes d’Arrakis, les prêtres l’envoyèrent dans le désert en orni équipé d’un distille aux couleurs des Atréides et avec quelques objets utiles : un marteleur et des provisions d’eau et de nourriture. Action qui lui fut salutère puisque dans les jours qui suivirent, la cité d’Arrakeen fut presque entièrement rasée par une flotte de non-vaisseaux d’une nouvelle faction, appartenant certainement à ceux de la Dispersion malgré la flotte de Léto III avant de repartir aussitôt…
Chapitre 2
Du haut du ciel, les prêtres survivants de l’assaut d’Arrakeen par les forces de la dispersion, étaient excédée par tout ce qui les entouraient. Tout d’abord, ils avaient perdu leur temple ainsi que de nombreuses reliques inestimables. De plus, le Bene Gesserit menaçaient de se fournir en mélange auprès du Bene Tleilax un temps pour les punir du meurtre d’une de leurs Révérendes Mères. Enfin, les Tleilaxus étaient incapables de leur fournir celui qui pourrait les éclairer le plus sur l’Empereur Dieu : un ghola du célèbre Duncan Idaho. Ils faisaient une ronde dans le désert pour rechercher ceux qui s’étaient enfuis quand ils virent avec étonnement un ver chevauché par un homme. Sacrilège ! Encore un fremen qui ne respectait pas la mémoire du Tyran. Il serait châtié comme il le méritait. Il regarda à travers la lunette d’un fusil laser léger à longue portée, utilisée dans des cas comme celui-ci. En effet, le pêcheur était tué sur-le-champ mais le ver était épargné puisque son corps, immunisé de la chaleur, ne sentait même pas le laser sur son dos. Alors que le prêtre allait faire respecter la volonté de Dieu, il reconnu celui qui était sur le Ver. De surprise, il manqua faire tomber son arme de l’orni. Impossible ! Il appela le pilote et lui ordonna de descendre plus bas pour escorter le ver. Il n’arrivait pas à en croire ses yeux. Il lança un appel en holo-communication avec le grand prêtre qui supervisait la reconstruction de la ville depuis les sous-sols du temple.
- Pourquoi me dérangez-vous ?
- Il se trouve que j’ai trouvé quelque chose dans le désert.
- Qu’est-ce donc ?
Le prêtre lui révéla alors ce qu’il venait de découvrir. Le grand-prêtre resta muet de surprise. Au bout de quelques secondes, il reprit ses esprits et dit :
- Je vous envoie 3 ornis en escorte et je fais ouvrir les portes de la ville.
- Et que ferons-nous de lui ?
- Nous allons nous en occuper une fois que Shaï-Hulud sera reparti vers le désert..
La cité était déjà en vue quand la communication fut coupée. Les ornis les rejoignirent rapidement une garde d’honneur les attendaient à l’entrée de la ville. Le ver ralentit et s’arrêta aux portes de celles-ci, son cavalier toujours debout sur son dos. Le grand prêtre arriva en courant, soulevant la toge immense qui cachait ses rondeurs pour ne pas prendre ses petits pieds potelés dedans. Il s’adressa alors à celui qui avait enfreint l’une des règles de base du clergé arrakien avec une pointe de soumission, mais non sans remarquer le bleu de l'Ibad dans ses yeux :
- Bienvenu sur vos terres, duc Léto, quatrième du nom.
Chapitre 3
«Ils m’appelleront Shaïtan »
Mémoires volées - Qu’ai-je donc fait pour ceux qui voulaient me tuer m’accueillent en si grande pompe? Demanda Léto tout en fixant le grand prêtre de ses yeux d’un bleu insondable.
- Vous tuer ? Non, vous sauver. Nous savions qu’ils arrivaient et nous vous avons envoyé dans le désert pour vous épargner, expliqua le gros homme tout en jouant avec sa toge presque spasmodiquement.
- Alors pourquoi tant de personnes sont-elles mortes ?
- C’était la volonté de l’Empereur-Dieu qu’elles meurent et que vous viviez.
- Comment pouvez-vous connaître les paroles du Tyran ?
- Ils nous a laissé bien des manières de comprendre ce qu’ils voulait de nous. L’un de ses ordres était de vous sauver.
- Me sauver ? Moi uniquement ?
- Ce sont ses ordres et je les respectes.
- Shaïtan aurait pu me tuer !
A ce nom, tout les prêtres ici présent frissonnèrent. Seul le grand maître garda un peu d’aplomb et relança de derechef :
- Shaï-Hulud !
- Shaïtan !
- C’est pêcher de nommer le Dieu des sables ainsi, surtout en sa présence !
- Shaïtan !
Le Grand prêtre en resta muet. LétoIV, dernier descendant des Atréides à porter ce nom, venait d’utiliser la Voix à sa puissance maximale.
- Maintenant, écoutez-moi attentivement, continua-t-il toujours en usant de la Voix, je sais que vous m’avez livré à Shaïtan pour qu’il me tue mais il m’a épargné ! Vous vous répandez en vaines paroles pour m’amadouer et me faire descendre de ma monture pour me jeter dans l’un de vos pièges afin de conserver votre pitoyable pouvoir ! Vous n’avez pourtant que peu souffert de mon père, vous, membres du clergé d’Arrakis ! Vous méritez une punition pour m’avoir menti, une autre pour avoir voulu tuer un parent de votre Dieu Fractionné et ne autre pour avoir tenté de jouer avec les volontés de Léto II Atréides, Empereur-Dieu. En tant que duc, je vous vous retire les droits du clergé sur le monopôle de l’épice d’Arrakis. Vous devrez donc trouver une autre source de revenus. En tant que descendant de Paul Muad’Dib, je vous impose un nombre limité de prêtres. Suis-je clair ?
- Oui, mon Duc, répondit faiblement le grand prêtre, le cerveau en bouillie à cause de la Voie.
- Me jurez-vous allégeance sur votre vie et votre honneur ?
- Nous jurons, répondirent symboliquement toute la troupe rassemblée.
- Je vous accepte comme vassaux. Toi, dit-il en désignant le grand prêtre, quel piège me tendais-tu ?
- Nous voulions vous tuer quand Shaï-Hul… Shaïtan serait parti.
- Vous espériez tromper votre Dieu ?
- Non, mais enfin, c’est que…
- Écartez-vous !
Lentement, la troupe s’écarta devant le ver, s’ouvrant tel une mer. Lentement, le ver s’approcha du grand prêtre.
- Shaïtan, juges-tu cet homme digne de continuer à te servir ?
- Non, murmura timidement le grand prêtre, vous ne pouvez pas…
- C’est le sort que tu as réservé toi-même à des dizaines de personnes ! Maintenant, si tu es dignes de vivre, tu ne mourras pas.
Alors que le patriarche allait se faire dévorer, le ver s’attaqua à toute la foule de moines et de prêtres soldats qui l’entourait. Qu’ils furent broyés, écrasés, déchirés, terrassés dans la fleur de l’âge, il voyait avec tristesse ses amis, ses compagnons et deux de ses frères se faire tuer sous ses yeux. Léto ne retenait même pas le ver dans sa folie destructrice, sachant que c’était inutile.
- Non… murmura-t-il…
Trop tard, au bout de quelques fines minutes, tous étaient morts, le sang répandu en mares sur le sable.
- C’était moi qu’il fallait tuer…
Le ver se mit en face de lui et se raidit, restant sur place.
- C’était moi qu’il fallait tuer ! Pas eux ! Cria-t-il, les larmes aux yeux. Ils ne faisaient qu’exécuter les ordres !
- Il a décidé de vous accorder la vie.
- C’était moi qu’il fallait tuer, gémit-il dans un dernier sanglot avant de tomber à genoux et de pleurer ses amis disparus à chaudes larmes.
- Ceci est la conséquence de tes actes. Tires-en les bonnes leçons, et tu vivras.
- Je jures sur ma vie et mon honneur de te servir, Léto et de te servir du mieux que je peux, Shaï…Shaï…Shaïtan, lâcha-t-il alors que les larmes revenaient à ses yeux.[img][/img]